Les "Anagogies" et "Corpus Christi" furent exposés de mai à juin 1997 au Centre Culturel Picasso de Montigny-Lès-Cormeilles, grâce et avec le travail d’un ami peintre Christian Texido.

Vers la fin de cette année 1997 ce même ami en visite à mon atelier m’a tenu ces propos sur mon travail artistique : « qu’est-ce que tu cherches ? Je ne comprends pas. Je veux dire par là…quand un peintre utilise de la matière en épaisseur dans ses tableaux, c’est pour donner du volume, du relief à son travail. Après il peut la retravailler, la sculpter, la poncer pour la finition. Mais toi, tu mélanges du sable à ta peinture et puis avant que cela ne soit sec, tu le grattes au couteau pour en élever, comme si tu cherchais quelque chose !? Qu’est-ce que tu cherches ? »

Je lui ai répondu que je cherchais aussi à mettre du relief en mélangeant ce sable à ma peinture, et que je le grattais non pas pour l’enlever, mais pour le répartir sur mon support et aussi pour que ce relief ne soit pas trop plat, ni trop homogène…..que s’y inscrive un graphisme, une profondeur, une dynamique, une structure, un éclatement, une rugosité…. ».

Mais bien qu’il y eût un acte réfléchi qui faisait sens de ma part, en grattant ce sable, sa question avait touché quelque chose de profond en moi. Je l’avais en tête, et de temps en temps elle se manifestait lorsque je peignais et que je grattais mes matières (sable, plâtre en poudre ou terre)…….et cette question se faisait de plus en plus présente. Et je sentais qu’une réponse était nécessaire, jusqu’à ce jour de 1998. Je peignais toujours avec mes peintures noires et blanches et les nuances de gris que je pouvais en obtenir en les mélangeant. Ce jour là je travaillais en écoutant un disque de musiques et de chants traditionnels tibétains. Je réalisais quatre tableaux de format moyen en allant de l’un à l’autre (Il m’arrive de travailler sur des séries et dans ce contexte là je travaille sur plusieurs tableaux en même temps). Je ne pensais à rien, mes mains et mes yeux travaillaient, concentrés sur leur tâche créative, et mon esprit se laissait porter par la musique…….et à un moment, j’ai senti une sensation infinie de paix intérieure se diffuser en moi depuis mon plexus et j’ai ressenti ces mots résonner en moi ; « ta propre lumière ». Je dis bien ressenti, car je ne les ai pas entendus de manière sonore, mais ressentis comme portés par une onde intérieure. Et j’ai compris que j’avais là, ma réponse à ma question.

Je grattais l’épaisseur des matières que je mélangeais à ma peinture parce que je cherchais à retrouver cette propre lumière intérieure. Et cela faisait pleinement écho et correspondance aux expériences mystiques de mon enfance que j’avais re-vécues en peignant le "Corpus Christi" l’année précédente. En grattant ce sable jusqu’à l’épaisseur même du support cartonné de mes tableaux (puisque je peins sur du carton gris de 3 ou 5 mm d’épaisseur), je cherchais une ouverture vers ma propre lumière intérieure. Plus je pensais à cette réponse lors de mes exercices méditatifs, plus je me concentrais sur ce que je ressentais vibrer en moi, et plus je sentais que j’étais sur la voie à suivre ; ma voie intérieure, ma voie personnelle.

Après cette révélation et ces prises de conscience, j’ai regardé mes tableaux d’un regard neuf et j’ai commencé à m’interroger sur mon travail.

Qu’ai-je à exprimer à travers mon art ? Qu’est-ce que je veux y mettre de moi ? Et qui suis-je et qu’est-ce qui veut se manifester à travers moi ?

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